CHAPITRE 4 - a) Cohabitation

     Depuis mon arrivée dans ma famille adoptive, j'ai observé avec intérêt et je dois dire, une certaine inquiétude, les allées et venues dans la maison, d'un animal à quatre pattes. Ne comprenant pas son langage, j'ai tenté une approche à plusieurs reprises, mais il ne semble pas apprécier. Je ne comprends pas, mes intentions sont pourtant pacifiques. Gardant mes distances, je cherche un moyen pour établir un contact...................

     J'en ignore la raison, mais à chaque fois que j'essaie de le renifler ou de lui proposer un jeu par de petits sauts très explicites, il se met en colère, lève sa patte pour me frapper et émet des bruits bizarres et incohérents !!!

     C'est très curieux, il produit des sons étranges qui paraissent familiers à maman, une complicité qui m'agace au plus haut point, notamment lorsqu'elle lui garnit une assiette d'une pâtée très appétissante, ou encore lui prodigue quelques caresses.

     Justement, ce drôle d'animal vient de réclamer sa ration, que maman lui prépare immédiatement. Moi aussi j'en voudrais, c'est injuste !!!!!

     Il dévore goulûment ; je l'observe de loin, craignant de subir ses humeurs, quand subitement il lève la tête vers moi, semblant m'inviter, puis s'en va vers la terrasse. Immédiatement intéressé par ce met spécial qui lui est réservé, je me précipite vers l'assiette et la vide en trois bouchées. Quel régal, un vrai délice !!

     Le ventre bien rempli, car je venais aussi de manger mes croquettes, la fatigue me gagne.......... une bonne sieste me sera salutaire. Je m'installe dans mon panier, me sentant ballonné, puis parviens enfin à m'endormir. Sommeil agité, un cauchemard me réveille : des monstres affreux, gris, aux oreilles pointues, aux dents acérées, dont les  poils changeaient de couleurs, tourbillonnaient près de moi, voulant me happer à chacun de leurs passages. Ils hurlaient : "ha, ha,ha, on est ce qu'on mange, ta gourmandise sera punie !".

     Terrifié, je reprends doucement conscience ; cependant les paroles des monstres résonnent encore dans ma tête : "on est ce qu'on mange, je serai puni". Afin de m'apaiser, je veux me convaincre que ce n'était qu'un mauvais rêve et décide une petite ballade dans mon jardin.

     HORREUR, HORREUR, mes pattes deviennent vertes et brunes, je suis en train de me transformer, les monstres avaient raison, ma gourmandise est punie, je vais ressembler à cet animal bizarre dont j'ai mangé la nourriture qui lui était destinée. AU SECOURS, AU SECOURS !!!!!!!!!!!!!! Des grincements sortent de ma gorge ; c'est impossible............. je vais parler comme lui....................... et je ne comprendrai plus ce que je dis !!!!!!  AU SECOURS !!!!

     J'entame une course folle dans le jardin, comme pour échapper à ce mauvais sort qui vient de s'abattre sur moi et instinctivement, grimpe au tronc d'un poirier rempli de fruits, exercice impossible auparavant !!

     Désemparé, j'appelle maman : "miaou, miaou"; Mais quels sont ces paroles stupides ? Que signifient-elles ?

    Quel malheur, je ne sais plus qui je suis ! Désespéré, la fuite me paraît être une solution. Je cherche donc un passage dans la clôture du jardin, repéré lors de mes explorations, et décide de disparaître. Empruntant un chemin caillouteux, je marche, longtemps, très longtemps. Assoiffé, je me désaltère dans une petite marre au milieu d'un champ  et arrivant à l'orée d'un bois, m'y enfonce, la mort dans l'âme. Là au moins, je pourrai cacher ma honte.

     Un tapis de mousse entouré de buissons, me tend les bras. A bout de force, j'accepte son invitation et sombre dans un profond sommeil.

     A mon réveil, rien n'a changé : mes pattes n'ont pas retrouvé leur couleur, mon langage m'est toujours étranger.......... Cependant, il me reste tout au fond de mon être, un minuscule filet d'énergie, que je dois exploiter : un grognement sortant de mes entrailles, décuple mes forces et un souffle puissant me propulse dans une clairière ensoleillée. J'y pense, il me reste encore deux voeux : "mon bon Génie, viens à mon secours, je t'en supplie !"

     Dans un sifflement, le génie apparaît : "Gribouille, tu m'as appelé, et comme promis, me voilà. Je veille sur toi et je connais déjà ton second voeu. Aussi, lorsque devant tes yeux apparaîtra un disciple jouant d'un instrument triangulaire à cordes inégales, installé en haut des marches surplombant une vaste cité, tu retrouveras ton apparence !"

     "Soit, Génie, mais quelle direction dois-je prendre ?"

     Un autre sifflement me parvient, et le Génie a disparu.

                              RENDEZ-VOUS POUR LA SUITE AU  CHAPITRE 4 - b)......................................

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